
Maître et soumise
Un mot, plusieurs visions d'une pratique extrême
Lord
8/28/20253 min read
L’envie d’écrire une brève histoire entre un Maître et sa soumise, peut être pour développer une réflexion que j’ai commencé avec une séduisante créature.
Il existe de multiples façons de dominer et les types de relations sont nombreux. Je souhaite parler de deux conceptions complètement opposées. Il y des Master qui ne touchent que leur soumise et des Masters qui ne touchent que rarement leur soumise.
Le Maître qui ne touche que rarement ses soumises :
Il était de ces hommes qu’on croise parfois et qui semblent habités d’une assurance imperturbable. Un charisme soigneusement cultivé. La plupart de ses soumises y voyaient un roc, un phare dans la nuit. Selon ses règles, il ne couchait jamais avec elles. Il s’était imposé cette ligne de conduite dès qu’il avait pris conscience de son pouvoir. Il ne voulait pas que le désir de son propre plaisir vienne brouiller sa posture de guide, de pilier.
Dans son esprit, un Maître était un décideur, celui qui impose la structure, définit les règles, oriente la soumise vers la meilleure version d'elle-même sur tous les aspects selon sa propre vision. Son rôle n’était pas de rechercher une satisfaction personnelle, il estimait que l’intimité charnelle aurait créé une confusion dans l’esprit de sa soumise. Il préférait un lien où il trouvait sa jouissance dans la maîtrise pure : maîtriser la situation, l’esprit et les émotions.
Son plaisir passait par l’ascendant psychique, la jouissance de voir la soumise s’épanouir dans la discipline. Pas de lit, pas de caresses. Il toisait souvent, de son regard acéré. Il avait conscience que sa vision intransigeante pouvait sembler extrême. Il l’assumait car il l’avait choisie. Ses soumises, elles, ne le craignaient pas, elles l’admiraient. Toutes étaient d’accord pour dire que sa maîtrise d’elles, et de lui-même, conférait à la relation un caractère presque sacré.
Le Maître qui était amant de sa soumise :
À l’opposé, on trouvait l’autre homme, plus réservé. Sa relation était exclusive. Il considérait l’union charnelle comme la plus belle métaphore de la domination. Un abandon total du corps et de l’âme. Pour lui, ces instants d’intense intimité constituaient le point culminant d’une relation D/s. Il voyait l’acte sexuel comme un contrat d’échange de pouvoir aussi puissant que tout collier, tout harnais ou toute laisse.
Il tenait sa soumise dans ses bras, lui murmurait des mots doux. Il ne l’aurait confiée à personne. Sa jouissance se mêlait à celle de sa partenaire, c’était là l’expression la plus complète de leur pacte. Elle se livrait à lui sans réserve et lui s’engageait à la protéger et l’aimer dans son abandon. Pour lui, être Maître ne se réduisait pas à commander.
Deux conceptions opposées d’un même mot mais un point commun, la notion de choix et la clarté d’un cadre. Des règles bien définies, un contrat que l’un et l’autre approuvent philosophiquement.
Les deux approches coexistent au sein de l’univers BDSM, ni l’une ni l’autre n’est fondamentalement “meilleure” ou “pire” . Chacune repose sur la sincérité, l’honnêteté, et une communication solide.
L’échange, le respect et la connaissance mutuelle qui font qu’une relation D/s fonctionne.
Pour certains, l’exclusivité sexuelle s’impose comme gage de confiance et d’intensité, car la soumise se donne entièrement à un seul homme. Pour d’autres, la distance charnelle est un outil supplémentaire de contrôle : l’acte sexuel, lorsqu’il survient, est un privilège rarissime, ou bien il n’arrive jamais, selon l’éthique choisie.
Au fond, les deux visions s’accordent sur ce point : la domination est un art délicat, qui se déploie autant dans le mental que dans le physique. Mais la manière de combiner ces dimensions dépend de la personnalité, des goûts, et des valeurs de chacun.
Dans le vaste paysage BDSM, chaque relation est une œuvre unique, façonnée par les volontés et les imaginaires des protagonistes. L’important, c’est la lucidité, la transparence et le consentement réciproque. Ainsi, qu’un Maître touche chaque centimètre de la peau de sa soumise ou qu’il choisisse de ne jamais l’effleurer, l’essence de la domination ne se résume pas au sexe. Elle réside dans l’échange de pouvoir, l’acceptation des rôles et la construction d’un cadre clair.
